A la recherche du savon parfait (n°4)
La recherche et la fabrication de savons artisanaux fait partie intégrante de mon expérience du zéro déchet. Dans cette série d’articles, je vous raconte ma quête du savon parfait. Aujourd’hui, on passe à la réalisation du savon !
Dans l’article précédent, j’ai élaboré une recette simple à base d’huile d’olive et d’huile de chanvre (en surgraissage au moment de la trace), pour un savon d’environ 100g. Pour des raisons pratiques, j’ai finalement décidé de doubler les quantités : avec 200g d’huile d’olive, j’étais sûre d’avoir suffisamment de « fond » dans la casserole pour mélanger avec le mixeur plongeant.
Matériel et sécurité
J’utilise de la soude caustique pour la phase alcaline. Rappelons tout de même que c’est un produit dangereux. La moindre projection peut occasionner des brûlures très sérieuses. Entourez-vous de précautions :
- faites vos savons un jour où vous êtes seul-e, tranquille, et que vous avez la possibilité de vous concentrer sereinement ;
- réunissez tout le matériel et les ingrédients avant de commencer ;
- utilisez des ustensiles que vous dédiez uniquement à la fabrication des savons ;
- équipez-vous : chaussures fermées, pantalon, manches longues, gants, masque et lunettes de protection (oui oui oui) ;
- trouvez un coin bien ventilé pour le moment où vous mélangerez la soude et l’eau et assurez-vous d’y avoir accès facilement.
Côté matériel, j’utilise :
- une balance à précision 0,01 g (j’ai celle-là, qui me sert aussi pour le tricot)
- une casserole en inox
- une cuillère en inox
- un bécher ou un contenant similaire qui résiste aux hautes températures (j’ai celui-là)
- deux gobelets en plastique réutilisables (ici on dit un baso berri )
- un mixeur plongeant
- un thermomètre de cuisson (j’ai celui-là)
- des moules qui peuvent être en silicone (moules à financiers, à cupcakes), ou des briques Tetra Pak découpées, enfin bref, ce que vous avez sous la main et qui permet de démouler son contenu facilement ;
- mes plaques de cuisson et mon évier rempli d’eau froide 🙂
Ingrédients
J’ai donc doublé les quantités de ma recette :
- 200 g d’huile d’olive bio, achetée en vrac dans mon épicerie habituelle (environ 2€),
- 6 g d’huile de chanvre, achetée en bouteille au même endroit,
- 25,1 g de soude solide achetée sur ce site,
- 65 g d’eau du robinet, très peu minéralisée ici.
Réalisation
On commence par peser l’huile d’olive, que l’on verse dans une casserole, puis l’huile de chanvre qu’on met de côté dans un gobelet. Puis l’eau, que l’on met dans un bécher. Et enfin la soude solide (gants, lunettes et masques, on a dit) dans l’autre gobelet.
Ensuite, on se met dans un endroit bien ventilé pour réaliser la lessive de soude. Attention, le mélange va produire une réaction fortement exothermique, c’est-à-dire qui produit beaucoup de chaleur. J’ai dit qu’il fallait faire attention, ou pas ? Au cas où : faites attention. On va verser progressivement la soude solide dans le bécher qui contient l’eau, en remuant avec la cuillère en inox.
Une fois que c’est fait, on met le bécher dans l’évier rempli d’eau froide afin de refroidir le mélange. A côté, on allume ses plaques de cuisson pour chauffer l’huile d’olive.
Le but du jeu, maintenant, c’est d’amener les deux phases à la même température, entre 40°C et 45°C. C’est un véritable jeu d’équilibriste. Parfois l’huile ne chauffe pas assez vite, parfois c’est la soude dont on ne parvient pas à maîtriser la température, et c’est d’autant plus vrai quand on manipule des petites quantités : ça va beaucoup plus vite ! Pour contrôler la température, on utilise un thermomètre de cuisson que l’on essuie bien après chaque relevé.
Une fois que les deux phases sont à la même température ou très proches, on peut verser la lessive de soude dans la casserole contenant l’huile. On éteint le feu et on mélange avec la cuillère. Gardez bien les gants et les lunettes ! Le mélange est toujours fortement caustique, donc gare aux projections.
Ensuite, on utilise le mixeur plongeant pour accélérer le mélange et accompagner la réaction chimique qui est en train de se produire. Dès que la pâte à savon commence à épaissir, tenez-vous prêt-es. Quand vous retirez le mixeur du mélange et que ce geste laisse une trace, un peu comme dans une mayonnaise maison, c’est le moment d’ajouter l’huile de chanvre en surgraissage.
On mélange encore un peu, et on verse dans les moules.
Et c’est fini ! Ah non, au temps pour moi, il faut faire la vaisselle.
Le séchage et la cure
Le savon va sécher dans les moules pendant environ 48h. Ca peut être moins ou plus, peu importe, le tout est d’arriver à le démouler sans le déformer. Certain-es le couvre de cellophane pendant ce laps de temps, moi non.
Une fois démoulés, les savons doivent encore patienter un peu avant d’être prêts à l’emploi. C’est ce qu’on appelle la cure : elle dure au minimum 4 semaines, le temps que le savon soit bien sec et qu’on puisse être certain-e que toute la soude a bien été transformée. Il paraît que le savon se bonifie avec le temps, c’est pourquoi il est parfois recommandé de faire durer la cure aussi longtemps que possible après les 4 semaines.
SI vous voulez offrir des savons à Noël, il faudra donc les fabriquer au plus tard le 25 novembre, mais je vous conseillerais de vous y prendre avant.
Mon savon parfait sera normalement prêt à l’emploi fin août. Suspense… Sera-t-il réussi ? Sera-t-il à la hauteur de mes attentes ? Rendez-vous dans un prochain article pour le savoir !