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A la recherche du savon parfait (n°1)

La recherche et la fabrication de savons artisanaux fait partie intégrante de mon expérience du zéro déchet. Dans cette série d’articles, je vous raconte ma quête du savon parfait. Aujourd’hui, on va parler de chimie.

En 2014, j’ai déclenché une allergie subite au sodium laureth sulfate, diagnostiquée à l’aide de tests chez une allergologue. Le sodium laureth sulfate, aussi abrégé SLS, est un tensioactif détergent qui permet une bonne homogénéité d’un produit et le rend très moussant. Il est présent en grande quantité dans la plupart des gels douche, shampooings, savons liquides, etc., que l’on trouve dans le commerce.

J’ai donc cherché à remplacer ces produits par d’autres plus respectueux de la peau, qu’on trouve plutôt en pharmacie. Mais ces produits-là coûtent cher et ne sont pas exempts d’autres composants nocifs, comme par exemple les parabens. Sans parler des flacons en plastique recyclables une seule fois (hélas oui, le PET, ce n’est pas recyclable à l’infini).

Par conséquent, il y a 3 ou 4 ans, j’ai commencé à fabriquer des savons moi-même. De cette façon, je suis parfaitement au courant de leur composition, je dépense beaucoup moins, et je réduit fortement les emballages.

Le début

Pour commencer, j’ai participé à un atelier près de chez moi pour découvrir les bases. Si vous avez l’occasion de le faire aussi, c’est vraiment ce que je vous conseille. Cela vous rassurera par la suite quand vous tenterez à nouveau chez vous : en savonnerie, on manipule quand même de la soude caustique, et il faut faire preuve de précision.

Pour ma part, une fois initiée, j’ai cherché des recettes simples sur Internet, que j’ai testées avec plus ou moins de succès. J’ai fini par en trouver une qui marchait bien, qui donnait de beaux savons mousseux, à laquelle je me suis tenue pendant longtemps.

Seulement voilà, je ne suis pas satisfaite à 100% de ma recette actuelle (à base d’huile d’olive, de coco, de ricin et de beurre de karité). En voici les raisons :

  • Cette recette me coûte peu d’argent, mais je consomme encore beaucoup d’emballages.
  • Je la réalise parce qu’elle marche bien (aucun échec à déplorer) mais je ne sais pas si elle est la mieux adaptée à mes problèmes de peau, à savoir une dermatite atopique. Mon intuition est que non car j’ai encore régulièrement des plaques d’eczéma, même si elles sont moins fréquentes qu’avant.
  • Pour finir, j’aimerais fabriquer des savons à partir d’ingrédients trouvables en France, car l’huile de coco et le beurre de karité font des kilomètres pour arriver jusqu’à moi… Ils ont donc un sacré impact carbone.

C’est pour cela que j’ai décidé de tout reprendre à zéro et de partir à la recherche du savon parfait.

D’abord, un peu de chimie

Voici ce que mes différentes recherches, au fil des ans, m’ont appris :

Le savon résulte d’une réaction chimique, la saponification. Elle peut être « à chaud » ou « à froid ». La saponification à froid (souvent abrégée SAF) est celle que vous pourrez réaliser chez vous. La réaction totale peut prendre plusieurs semaines.

La saponification se réalise entre deux phases : une phase graisseuse et une phase alcaline.

La phase graisseuse est composée d’huile végétale, beurre végétal, graisse animale, lait… Attention, pas n’importe quelle huile ou n’importe quel beurre et pas dans n’importe quelle proportion… Mais j’y reviendrai plus tard.

La phase graisseuse est généralement surdosée afin qu’au terme de la réaction chimique, elle ne soit pas totalement transformée : il reste des corps gras non saponifiés. On obtient alors des savons surgras. Dans les huiles ou les beurres non transformés réside une bonne partie des actifs bénéfiques pour la peau. Mais attention, un savon trop surgras peut rancir et fondre trop vite. Il faut bien calculer !

La phase alcaline peut être constituée de soude caustique (hydroxyde de sodium), de potasse (hydroxyde de potassium), de cendre de bois (qui contient de la potasse)… « Alcaline » signifie avec un pH basique. Dans mes recettes, j’utilise uniquement de la soude caustique.

Crédit image : alloprof.qc.ca

Voici un éclairage scientifique proposée par le site Futura Sciences :

Dans le cas de la fabrication du savon, l’hydrolyse de corps gras se fait en milieu alcalin par une base (soude ou potasse) et produit du glycérol et des carboxylates, une espèce détergente qui fait que le savon lave. Les carboxylates de sodium donnent des savons durs et les carboxylates de potassium des savons plutôt mous sinon liquides. Le savon de Marseille, par exemple, est issu de la saponification par la soude d’huiles végétales, essentiellement.

Ce qu’il faut savoir sur la phase graisseuse

Le choix des corps gras à utiliser se fait en fonction de leur teneur en insaponifiables et des acides gras qu’ils contiennent. Un savon peut être réalisé à l’aide d’une seule huile (l’huile d’olive, par exemple) ou avec un mélange d’huiles, de beurres, etc. Dans ce cas, on cherchera l’équilibre entre les différents acides gras, selon l’effet recherché.

Bon alors déjà , c’est quoi un acide gras ? On en parle souvent dans le domaine de la nutrition : les acides gras essentiels, les graisses saturées et insaturées… En bref, un acide gras, c’est une molécule qui contient une chaîne d’atomes. Les acides gras sont souvent classés en 3 catégories : les saturés, les monoinsaturés et les polyinsaturés (tels que les fameux oméga-3 et oméga-6). En matière de savons, on va surtout s’intéresser à ce qu’ils apportent en terme de dureté, de pouvoir détergent, de mousse… Et à leurs propriétés sur la peau.

Les insaponifiables, c’est tout ce qui ne peut pas se transformer en savon lors de la réaction chimique. Le taux d’insaponifiable varie selon l’huile ou le beurre utilisé. C’est précisément cette partie non transformable qui préserve les vertus de l’huile et qui participe à donner des savons surgras. Dans ces insaponifiables, on trouve des éléments antioxydants, cicatrisants, protégeant du vieillissement et de la déshydratation, etc.

A noter que les huiles et les beurres hydrogénés ou raffinés contiennent beaucoup moins d’insaponifiables que leur version brute… A éviter, donc.

Dans le prochain article, on parlera des huiles en détail. A très vite !

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