Pratiquer le zéro déchet
En 2016 j’ai commencé une transition personnelle vers le zéro déchet. Je ne vais pas vous raconter dans le détail tout ce que j’ai mis en place chez moi, car d’autres personnes le font déjà très bien… Je pense notamment à la Famille zéro déchet et à Consommons sainement, pour ne citer que celles-là. En réalité, c’est quand j’ai décidé d’ouvrir ma boutique que j’ai manqué de ressources sur le sujet.
Les travaux et l’aménagement
Pour commencer, j’ai démarré mon activité par de longs mois de travaux. Entre septembre 2017 et janvier 2018, il y a eu : la démolition de l’ancien local, la réfection des plafonds, du plancher, des doublages des murs, la pose du parquet, la peinture, le mobilier, la déco…
Si c’était à refaire, nul doute que je m’y prendrais autrement. En effet, il me semble que le pire ennemi du zéro déchet (et d’une démarche écologique en général), c’est le manque de temps. Or j’étais pressée, car en attendant d’ouvrir mon magasin, j’étais sans ressources : pas de salaires et pas d’aides financières. L’objectif pour moi était de pouvoir ouvrir au plus vite pour que cette situation dure le moins longtemps possible.
Sauf que l’écologie, c’est un vaste chemin de traverse. Les solutions n’existent pas toujours, ou alors elles ne se trouvent pas facilement. Il faut prendre le temps de se renseigner sur les matériaux et les produits : sont-ils nocifs ? Comment sont-ils fabriqués ? Je pense aux peintures notamment, car on parle de plus en plus des COV (composés organiques volatils). Mais cela vaut aussi pour l’isolation, le plâtre, les panneaux de particules bois, etc. Souvent les matériaux « écolos », ou éthiques, ou les 2, sont un peu plus chers et moins disponibles. Il faut lire, se renseigner, comparer, trouver une enseigne de confiance, commander, réfléchir au transport, et surtout attendre…
Par manque de temps et de connaissances sur le sujet, je suis allée au plus simple : l’enseigne de bricolage et le magasin de meubles les plus près de chez moi. Donc oui, si c’était à refaire, et que l’argent n’était pas un problème, je m’entourerai de quelqu’un qui s’y connaît en construction éco-responsable, afin de connaître les meilleurs alternatives.
A noter cependant que l’isolation du local a été réalisée avec de la laine de mouton : c’est écolo, et c’est un clin d’oeil rigolo à mon activité. Pour le mobilier et la vaisselle, j’ai aussi fait beaucoup de récup’ : plusieurs éléments du mobilier m’ont été donnés ou vendus d’occasion. La très grande majorité de la vaisselle vient d’Emmaüs à Pau – une vraie caverne d’Ali Baba – ou de mon arrière-grand-mère. J’ai même gardé la lampe d’un ancien occupant du local, que j’ai retrouvée sous la vitrine avant la démolition !
A propos d’électricité, j’ai choisi de souscrire à une vraie offre verte (électricité produite uniquement à partir de sources d’énergies renouvelables) chez Energie d’Ici qui est une entreprise basée dans le même département que moi. Il existe d’autres fournisseurs de ce type : Enercoop, par exemple. Le tout est de se méfier du greenwashing, comme l’explique cet article.
L’hygiène et l’entretien
Avant d’ouvrir mon salon de thé, j’ai suivi une formation en hygiène alimentaire. Il y a évidemment du bon sens dans ces formations, mais en matière d’écologie c’est un gros retour en arrière… Privilégier l’usage unique : gants, essuie-mains… Ne se servir que de produits bactéricides : polluants et potentiellement dangereux pour la santé… J’en suis sortie vraiment catastrophée.
Il est certain que la santé des client-e-s passent en premier, et que l’hygiène se doit d’être irréprochable, mais ne peut-on pas parvenir au même résultat sans polluer la planète et intoxiquer ses habitant-e-s ?
J’ai donc fait l’acquisition de quelques éléments de base :
- Pour un usage occasionnel et parce qu’ils sont obligatoires, un nettoyant bactéricide et fongicide (nettoyer les poubelles par exemple), un savon désinfectant pour les mains si je me blesse, un liquide vaisselle (mais de l’eau bien chaude et un coup d’éponge suffisent la plupart du temps), et des gants jetables si je suis malade ou que mes mains sont abîmées.
- Pour un usage quotidien, je me sers de chiffons, d’essuie-mains, d’éponges lavables, d’un nettoyant maison à base de vinaigre, d’eau et d’huile essentielle de lavande, d’un savon pour les mains sans sodium laureth sulfate ni parabens, de savon noir, et de bicarbonate de soude pour enlever, entre autres, les traces de tanin du thé dans les théières.
- Pour conserver les biscuits, je possède des bocaux en verre et des boîtes en plastique hermétiques. Je me sers des boîtes pour acheter ces biscuits en vrac. Les bocaux me servent pour la présentation en magasin mais je ne les remplis pas en entier car les biscuits se conservent un peu moins bien dedans.
Je précise que je peux me permettre ces pratiques car je ne fais pas de restauration. Je sers seulement du thé, du café, des boissons fraîches et des biscuits secs. Les contraintes ne sont pas du tout les mêmes que chez un traiteur ou dans une cantine scolaire !
Si la pollution causée par les produits d’entretien vous intéresse, je ne peux que vous encourager à lire cette infographie.
Le plastique et le jetable
J’ai fait le choix de ne pas vendre d’aiguilles à tricoter en plastique, et de limiter fortement les fils contenant du synthétique. Malheureusement je reçois encore, de la plupart de mes fournisseurs, des produits conditionnés sous plastique. Seule Helle Holst, de la marque Holst Garn, m’envoie les pelotes dans des sachets de congélation avec juste un petit scotch que je peux enlever. Je lui renvoie donc les sachets pour qu’ils soient réutilisés, et ça lui convient très bien.
Pour les autres sachets, je les réutilise autant que possible, mais ça reste du plastique qui finira dans la poubelle un jour ou l’autre. Dommage que les professionnels ne se saisissent pas de ce problème. C’est toujours à ceux en fin de chaîne de faire l’effort de ne pas consommer de plastique ! Perso, je ne pense pas que recevoir mes pelotes dans un sachet en papier ou -soyons fous- dans pas de sachet du tout, constitue un problème. Mais bon…
Et bien sûr, côté salon de thé : pas de pailles, pas de serviettes en papier, pas de vaisselle en plastique. J’achète mon café en vrac chez le torréfacteur de la rue voisine en amenant mes contenants. L’eau est celle du robinet et elle est servie dans des bouteilles en verre que je remplis au fur et à mesure. Je lave les serviettes chez moi avec ma lessive au savon de Marseille, en même temps que les essuie-mains, les lavettes, les torchons, les éponges lavables…
Concernant le thé, c’est plus délicat : j’ai acheté un premier lot de thé en vrac dans des boîtes en fer blanc, et des recharges par la suite. Les recharges arrivent dans des sachets en papier kraft recyclable, non blanchis et ne contenant pas d’aluminium.
Alors oui, j’aurais pu acheter du thé en vrac dans Bayonne. Il y aurait eu moins d’emballage et moins de transport. Mais j’ai préféré me fournir chez L’Autre Thé qui produit des thés bios, issus du commerce équitable, et qui ont intégré le respect de l’environnement et des hommes dans tout leur processus. N’oublions pas que la culture industrielle aux pesticides produit des tonnes de déchets… C’est parfois difficile mais il faut réfléchir à l’impact global, social comme environnemental, et non pas juste à ce qui va finir dans sa poubelle.
D’ailleurs je réfléchis sérieusement à adopter la même démarche pour le café. Surtout quand on sait que les déchets ménagers (= le contenu de nos poubelles) ne représentent que 8,5 % des déchets… C’est pas moi qui le dit, c’est Cyril Dion dans une émission de France Inter (à partir de 22’12). Cela implique de réfléchir sérieusement au modèle socio-économique que l’on veut défendre.
Ce que je pourrais améliorer
- Demander à mes fournisseurs de ne plus m’envoyer des produits sous emballages plastiques ;
- Trouver un fournisseur de laine 100% française (pour l’éthique et aussi pour réduire l’impact écologique du transport) teinte avec des teintures végétales ou respectueuses de l’environnement ;
- Trouver du lait en vrac en petite quantité ;
- Trouver du café labellisé commerce équitable et bio (c’est en bonne voie, j’ai juste un problème de logistique) ;
- En cas de travaux, demander des matériaux écolo et sans danger pour la santé.
Je vais arrêter là car je pourrais écrire des pages et des pages sur le sujet 😉 Si vous avez des questions, des suggestions, ou besoin de précisions sur certains points, n’hésitez pas à me laisser un commentaire !