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A la recherche du savon parfait (n°3)

La recherche et la fabrication de savons artisanaux fait partie intégrante de mon expérience du zéro déchet. Dans cette série d’articles, je vous raconte ma quête du savon parfait. Aujourd’hui, on va parler de formulation et de recette !

Dans l’article précédent, il a longuement été question des huiles. Ce sont elles qui déterminent les propriétés du savon, et qui contiennent des acides gras bénéfiques pour la peau. Après avoir étudié différentes huiles, et au regard des critères retenus pour mon savon parfait, j’ai finalement décidé que ce dernier serait à l’huile d’olive pour sa grande majorité, et à l’huile de cameline ou de chanvre en petite quantité.

Pourquoi l’huile d’olive fait de bons savons ?

L’article d’Aroma-zone que je citais la dernière fois précise ceci :

Les acides gras qui vont apporter de la dureté au savon sont principalement les acides gras saturés. (…) L’huile d’olive, bien que majoritairement composée d’acides gras insaturés (surtout acide oléique), donne des savons très durs lorsqu’elle est utilisée à fort dosage (>60%). Il est même possible de réaliser des savons 100% olive très satisfaisants, appréciés pour leur grande douceur.

Pour rappel, l’huile d’olive contient :

  • acide oléique / mono-insaturé : 60 à 75 %
  • acide palmitique / saturé : 10 à 20 %
  • acide linoléique / poly-insaturé : 8 à 15 %

A priori, ce serait donc l’acide palmitique qui donnerait sa dureté au savon lorsque l’huile d’olive est présente en grande quantité.

Qu’est ce qui lave dans le savon ?

Notre peau est sale lorsque des poussières, du sébum, des bactéries, se retrouvent emprisonnées dans le film hydrolipidique (une couche de graisse) qui recouvre l’épiderme.

Le rôle du savon consiste à dissoudre le film hydrolipidique. La graisse est alors entraînée dans l’eau avec les saletés qu’elle contient. Le film hydrolipidique mettant quelques heures à se reconstituer, il n’est pas inutile de l’aider en appliquant un émollient (une huile, un baume…) après la douche, surtout si vous avez la peau sensible comme moi.

L’article Pourquoi le savon lave-t-il ? sur le site Les Affranchis nous apprend ceci :

Les molécules de savon ont des propriétés particulières qui vont permettre, dans l’eau, l’élimination des graisses. En effet, ces longues chaînes d’atomes (…) présentent (…) une tête hydrophile (qui peut se lier à l’eau), et une longue queue hydrophobe (longue chaîne carbonée insoluble dans l’eau), également lipophile (attirée par le gras).

Autrement dit, la queue de ces molécules accroche le gras et la tête permet d’évacuer le tout dans l’eau.

Quant à la mousse, elle est certes agréable mais sa présence ou son absence ne dit rien sur l’efficacité du savon. En effet, la mousse est formée de bulles d’air qui se forment au moment de la friction du savon avec la peau. La graisse empêchant la formation de mousse, on peut en conclure que plus ça mousse, moins il y a de graisse et plus la peau est déjà propre…

Photo by Clay Banks on Unsplash
Formulation du savon

Maintenant que j’ai choisi les ingrédients à utiliser, il est temps de formuler plus précisément la recette.

Mon savon parfait doit être surgras, afin de garantir 1/ qu’il n’y a plus du tout de soude dans le mélange et 2/ que la peau sera nourrie avec les huiles en excès. Il est globalement recommandé de prévoir un surgraissage de 8 à 10 %. Mais il existe plusieurs manières de l’obtenir :

  • en sous-dosant volontairement la quantité de soude,
  • en sur-dosant volontairement la quantité d’huile,
  • ou bien en faisant les deux à la fois.

Dans le cas où l’on souhaite surdoser les huiles, il existe la possibilité d’ajouter une huile en particulier au moment de la « trace ». La trace, c’est le moment où le mélange soude + huile commence à prendre, le moment où le mélange s’épaissit et où la cuillère ou le mixeur laisse une trace qui ne disparaît pas immédiatement, un peu comme une mayonnaise. Mais j’en reparlerai dans le prochain article.

Ajouter une huile au moment de la trace est un moyen de s’assurer qu’elle ne sera pas saponifiée, et donc qu’elle gardera tous ses bienfaits. C’est une option qui me paraît fort intéressante pour mon savon parfait.

Aroma-zone nous recommande une « réduction de soude entre 6 et 10% pour un surgraissage en toutes les huiles de la base » et un « surgraissage additionnel (2-3%) en une huile ou beurre particulier au moment de la trace ».

Les quantités

Pour calculer les quantités nécessaires, le mieux est encore d’utiliser un calculateur. J’utilise celui d’Aroma-zone parce que c’est celui que je connais le mieux, mais la base de données ne contient que la liste des huiles vendues par Aroma-zone. Les plus téméraires pourront s’essayer à Soapcalc qui est en anglais (il existe des tutos en français sur Youtube).

Pour tester ma recette, je vais d’abord réaliser un seul savon d’environ 100g. Sur le calculateur, j’ai précisé que j’utilisais de la soude solide et que je souhaitais un surgraissage de 3% au moment de la trace.

Je vais donc réaliser mon mélange avec 100g d’huile d’olive et j’ajouterai 3g d’huile de chanvre ou de cameline au moment de la trace. Le calcul de la soude vient juste après :

Pour un savon surgras à 10%, il me faudra donc 12,6g de soude solide, à diluer dans 32,5g d’eau (je prends toujours la moyenne de la fourchette). La réduction de soude a déjà été calculée, elle est de 7%.

En résumé
  • 100 g d’huile d’olive
  • 3 g d’huile de chanvre ou de cameline
  • 12,6 g de soude solide
  • 32,5 g d’eau

Le seul souci, c’est que les huiles ne sont généralement pas vendues au poids mais au volume (en litres, donc). Cela dit, en magasin vrac, on peut vérifier le poids.

Pour savoir à quoi correspond 100 g d’huile d’olive, il faut d’abord connaître la densité ou masse volumique de l’huile, puis utiliser la formule suivante : volume (en mL) = masse (en g) / densité. La densité de l’huile d’olive est d’environ 0,92, ce qui nous donne 100 g / 0,92 = 108,7 ml. Si vous comptez acheter votre huile en bouteille, vous savez désormais qu’une bouteille de 100 mL ne suffira pas.

Je n’utilise pas de fragrance ou de colorant dans mon savon parfait. En premier lieu parce que je connais mal les répercussions que cela pourrait avoir sur ma peau ; en deuxième lieu parce que ça alourdit mon budget alors que je me satisfais très bien d’un savon moche sans parfum ; en troisième lieu parce que cela multiplie les emballages à jeter.

Dans le prochain article de la série, il sera plus que temps de s’atteler à la réalisation du savon !

COMMENTS

  • 19 juin 2020
    reply

    Chloé

    C’est super intéressant de suivre toute ta réflexion. Merci.

  • 20 juin 2020
    reply

    Amélie

    Bonjour
    Oui ces articles sont très intéressants merci.
    J’ai participé à un atelier en septembre dernier et depuis je fais des savons aussi.
    C’est intéressant de savoir que l’huile d’olive durcit le savon, car je croyais que c’était le contraire ! Dernièrement j’en ai fait avec une grand part et j’ai des savons qui se ramollissent beaucoup beaucoup, j’ai cru que c’était à cause de l’huile d’olive mais du coup non ! Je vais réétudier ça avec ton article.
    Peut être que ma trace n’était pas assez épaisse ?!

    Et alors réaliser juste un savon de 100g, ça fonctionne bien ? On m’avait conseillé de faire minimum 500g. Je n’ai testé que 1kg à chaque fois. Mais c’est vrai que tenter une quantité moindre est pas mal au début pour tester des recettes….
    Merci

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