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6 jours de déconnexion

Début mai j’ai fermé le Fil Café pour une parenthèse familiale en Lorraine. J’en ai profité pour réitérer l’expérience menée à Noël dernier, à savoir : partir avec un vieux téléphone sans 4G, sans smartphone (mais avec mon tricot), sans télé, mais avec un accès limité à Internet sur place.

Ne cherchez pas forcément un rapport avec le tricot ici 🙂 J’avais juste envie de partager cette expérience. Je l’ai trouvé bénéfique et elle m’a appris beaucoup de choses.

Retrouver de l’élan

Je sais pas pour vous, mais moi j’ai mille projets dans la tête, mille aspirations. Je me sens profondément « entrepreneuse ». Je n’aime pas trop contempler la vie passer devant mes yeux : je préfère y prendre part, mettre la main à la pâte, prendre des initiatives. Si j’ai un but, le plus souvent, je n’attends pas pour le mettre en oeuvre. Si quelque chose semble ne pas fonctionner, je me précipite à chercher une solution. Je réfléchis, je fais des listes, des croquis, des plans, j’exerce ma créativité, mon sens de l’organisation, et parfois aussi, je m’emballe un peu trop vite, ou je décide à la place des autres (et c’est pas bien). Mais bref.

Dans mon quotidien, j’ai souvent l’impression que j’ai les yeux plus gros que le ventre : je veux mener à bien trop de projets alors que je n’ai pas le temps de les réaliser dans une journée lambda de 24h. Mais ça, ce n’est que partiellement vrai.

Dans le deuxième épisode du podcast, je vous parlais de ma dépendance au téléphone et aux réseaux sociaux et du temps que cela représentait par jour. A l’époque, 1h30 minimum… Souvent plus. Lors de ma première expérience de déconnexion, j’ai été surprise du nombre de choses que j’étais capable de réaliser pendant une journée « déconnectée ». Ces laps de temps que je passais sur mon smartphone ou devant Netflix semblaient m’anesthésier, me rendre mollassonne et sans volonté. Sans aucun écran autour de moi, j’ai fait (avec plaisir) plein d’activités que je voulais ou devais faire depuis longtemps, des lectures ou des jeux de société jusqu’à l’entretien de mon appart ou  de mes chaussures. Le plaisir de faire des trucs et/ou la satisfaction de les avoir faits.

Cette fois-ci, j’étais en famille et loin de chez moi. Et sans écran, là aussi, j’ai fait plein de choses. J’ai lu, tricoté (EVIDAM’S), j’ai regardé de vieux albums photo, j’ai plié des serviettes, j’ai discuté en étant 100% présente dans ces discussions, j’ai bu une bière avec mon grand-père, j’ai joué à des jeux de société, j’ai visité Nancy sans appareil photo, et j’ai créé de beaux souvenirs.

Etre totalement présent(e)

Scène de la vie quotidienne : vous passez une super journée et vous avez très, très envie de tout raconter à un proche le soir même. Cette personne arrive, son téléphone dans la main, et vous lui parlez de cette super journée « j’ai fait ci, j’ai pensé à ça, que pense-tu de cette idée, blablabla ». Il ou elle ne vous regarde pas, regarde son téléphone, vous répond par « mmmh mhh ».

En fait, en même temps, il ou elle est en train de répondre à ses messages. Vous râlez « mais tu m’écoutes pas ! », et il ou elle vous répond : « mais siiii je t’écoute ». Et oui effectivement, il ou elle vous écoute. Mais seulement à 50%. Et ça, c’est vraiment très, très énervant (surtout quand je réalise qu’il m’arrive de faire exactement pareil). Ça vous parle, comme situation ?

Il n’y a rien de plus énervant que d’interagir avec quelqu’un qui estime que vous accorder seulement 50% de son attention est amplement suffisant. J’estime que je vaux un peu plus que ça. J’ai presque honte de faire parfois ressentir cela à d’autres. C’est la même chose que poser son téléphone sur la table au restaurant (au cas où… Au cas où quoi ?), ou aller checker Instagram pendant une soirée chez des amis : cela ne revient-il pas à dire à vos amis qu’Instagram, potentiellement, est plus intéressant qu’eux ? Depuis que je sais ça, je m’arrange pour ne pas emmener mon téléphone en soirée, ou m’en tenir éloignée.

Ne plus se couper du monde

Ce que j’aime le plus au Fil Café, ce sont les tricot-thés, et aussi les visites impromptues de celles et ceux qui viennent juste pour le plaisir de partager un café et papoter un peu. Les gens, donc. Et pourtant, je suis une personne plutôt introvertie. Si je vous parle de ça c’est que cette pseudo contradiction a vraiment été mise en exergue pendant ces 6 jours. Etre introvertie n’empêche pas d’avoir besoin d’interactions sociales, peut-être moins que les autres, certes, mais personne n’est bâti pour vivre dans la solitude la plus totale (je crois).

Sans téléphone pour patienter entre les plats au restaurant, vous retrouvez l’envie d’engager la conversation avec vos voisin-e-s de table. Sans téléphone pour tuer le temps pendant votre voyage en train, vous lisez un bon bouquin qui vous a été conseillé par un ami, au cours d’une soirée où vous n’avez pas passé 60% de votre temps sur votre smartphone (quand je dis « vous » je parle de moi, hein). Ou vous sortez votre tricot, et c’est votre voisine de siège qui engage la conversation, car vous n’êtes pas en train d’écouter de la musique avec vos écouteurs, donc vous semblez disponible. Sans téléphone ou Netflix pour vous occuper le soir, vous proposez un jeu de société aux membres de votre famille, au cours duquel un débat passionnant sur n’importe quel sujet émerge, peut-être encore plus passionnant que tous les articles et toutes les vidéos Youtube que vous auriez pu visionner sur le même sujet. 

Difficile de s’en passer ?

Je n’avais donc pas de smartphone avec moi mais j’avais accès à Internet sur celui de mon amoureux et sur l’ordinateur de mes grands-parents. Je les ai utilisés (le smartphone et l’ordi, pas mes grands-parents) pour :

  • consulter 2 fois les mails du Fil Café
  • écouter un podcast
  • nous enregistrer pour le vol retour
  • consulter un itinéraire précis sur Google Maps

Pour les mails, j’aurais pu m’en passer : aucun message urgent ne nécessitait que j’interrompe mes vacances pour le lire. Entre des tas de spams, le seul e-mail vraiment intéressant concernait les dernières nouvelles de ma commande Malabrigo. J’avais bien communiqué sur mon absence, semble-t-il, et j’avais prévu un mail de réponse automatique, donc bon… Lire ses e-mails en vacances, un réflexe encore bien ancré que je m’efforcerai d’effacer la prochaine fois. 

Le podcast non plus n’était pas indispensable pour ces 5 jours, en revanche sur un laps de temps plus long, ça m’aurait beaucoup manqué. Et en ce qui concerne l’itinéraire précis, on aurait pu demander à un-e passant-e. Il n’y a que pour l’enregistrement du vol retour que ça aurait été peu pratique. On aurait dû être à l’aéroport beaucoup plus tôt mais je n’avais pas très envie que mes grands-parents se lèvent aux aurores pour nous dire au revoir.

En résumé, un ordinateur avec un accès Internet (dans la maison ou à la bibliothèque municipale) aurait été largement suffisant pour des vacances de 6 jours.

Quelques pistes à explorer

De retour au Pays Basque, j’ai décidé d’être très vigilante sur une éventuelle rechute. La première déconnexion à Noël ne m’a pas empêchée de retomber plus ou moins dans mes travers au cours des 4 mois suivants.

En gardant à l’esprit que Facebook et Instagram sont aussi des outils de travail, j’avais déjà mis en place :

  • la suppression des notifications sonores entre 19h et 10h le lendemain matin, ainsi que les dimanches et les lundis, sauf pour l’agenda, les SMS et les appels de mes contacts.
  • la suppression de l’application Facebook de mon téléphone, je n’y vais que sur l’ordi du boulot.
  • la suppression pure et simple des notifications (pas de son, ni d’affichage sur écran, ni de pastille rouge) pour la grande majorité des applications, excepté : agenda, appels téléphoniques, alarmes & minuteur, messages privés et commentaires Instagram, SMS, Facebook Messenger, Paramètres, Podcast Addict.

Le piège c’est qu’à chaque fois qu’on installe une nouvelle application sur son téléphone, toutes les notifications sont activées par défaut. J’ai donc pris le réflexe de désactiver systématiquement celles-ci. Si besoin je les réactive pendant une période donnée. Par exemple j’ai réactivé les notifications pour l’application Vinted au moment où j’y ai réalisé des achats. Puis une fois tout reçu, j’ai de nouveau désactivé ces notifications.

En ce qui concerne Facebook Messenger, je m’en passerais volontiers si je pouvais, mais c’est bien utile pour les messages groupés avec les copains.

A ces mesures déjà en place depuis quelques mois, j’y ai ajouté celles-ci :

  • limite de 15 min quotidienne sur Instagram : elle s’active directement dans l’application.
  • un seul onglet ouvert sur mon navigateur Internet, et une seule application à la fois : si j’ouvre internet, je m’impose de fermer ce sur quoi j’étais en train de travailler. Du coup, ça m’aide à me raisonner et à rester concentrée.
  • masquage de la barre de favoris sur mon navigateur Internet : ça m’évite d’être tentée de visiter des pages pour juste passer le temps.

 

Est-ce que vous aussi, vous la voyez, l’absurdité ? Obligé-e-s de déployer des tactiques d’évitement, de programmer des cures de déconnexion, pour se défaire d’un « besoin » qu’on a créé nous-même. Parfois on marche sur la tête. Mais, en attendant de pouvoir me passer totalement de mon smartphone et des réseaux sociaux (mon rêve absolu), je continue de réfléchir à ma consommation.

J’espère vous avoir donné des idées dans cet article ! N’hésitez pas à me dire ce que vous en pensez dans les commentaires.

COMMENTS

  • 15 mai 2019
    reply

    Gwendaëlle

    Bonjour,
    Je suis bien d’accord avec toi. Je suis en train de faire la même chose. Encore un long chemin à parcourir mais ça va le faire.
    Merci pour ton article.
    Gwendaëlle

  • 16 mai 2019
    reply

    Isabelle

    Merci pour ce partage. Quand je déconnecte le soir et/ou le week end je reprends le contrôle sur le nécessaire à réaliser pour moi, les autres, mon environnement et aussi une estime de moi-même face au concret réalisé.

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